12.

 

La tablette cananéenne me répugnait. Je vibrais tellement de haine que, l’espace d’un instant, je fus incapable de bouger. La voix de mon maître me parvint, ordonnant de ne pas la briser. L’écriture était minuscule, me rappela-t-il, et le contenu souffrirait de la moindre ébréchure. Or il fallait que j’en prenne connaissance.

— Pourquoi ? répliquai-je.

Je fis un geste vers les coussins de la chambre. Pouvais-je en utiliser un pour m’asseoir à ses pieds sans salir ma tunique ? Il acquiesça.

Il était étendu sur son lit de repos, un genou replié, ce qui semblait être sa position préférée, et il tenait la tablette à la lumière du soleil afin de la déchiffrer aisément. Ce souvenir reste vif ; peut-être à cause du mur blanc parsemé de fleurs rouges, du vieil olivier tordu aux branches nombreuses, et de l’herbe tendre qui poussait entre les dalles de marbre du jardin. J’aimais poser la paume de ma main sur le marbre et sentir la chaleur du soleil.

Je me souviens de lui avec tendresse. Je me rappelle sa longue tunique grecque, trop large, aux fils d’or usés, sa maigreur, son air sans âge, mais satisfait. Ses yeux bleus parcouraient la tablette, l’approchant puis l’éloignant de son visage. Il déchiffra le moindre mot de ces longues colonnes étroites de caractères cunéiformes.

— Tu es passé dans le monde des esprits par l’entremise de sombres idiots, me dit-il. Cette incantation cananéenne fait appel à un mauvais esprit très puissant, le plus puissant que Dieu puisse envoyer sur terre. Il s’agit, pour un magicien, de créer un malak aussi fort que le Malak envoyé par Yahvé pour égorger les premiers-nés des Égyptiens.

J’étais stupéfait. Je connaissais de nombreuses versions du récit de la fuite en Égypte, et je connaissais une image du Malak, l’ange étincelant de la colère de l’Éternel. L’incantation, jugée dangereuse par les Cananéens, avait été scellée dans cette tablette mille ans auparavant, si la date était exacte. C’était de la magie noire, aussi mauvaise que celle de la pythonisse d’Endor, qui avait appelé l’esprit de Samuel afin qu’il parle au roi Saül.

— Je connais ces histoires, déclarai-je calmement.

— Ce magicien allait créer son propre malak, aussi puissant que Satan, qu’un ange déchu ou qu’un esprit maléfique autrefois proche de Yahvé Lui-même.

— Je comprends.

— Les règles sont très strictes. Le candidat au malak doit être totalement malfaisant, éloigné de Dieu et de tout ce qui est bon. Il doit avoir désespéré de Dieu à cause du mépris et de la cruauté qu’il manifeste aux hommes, à cause de l’injustice qu’il a laissée se répandre dans le monde. Le candidat au malak doit être déterminé, furieux et malfaisant au point de combattre Dieu Lui-même s’il le pouvait ou le devait. Il doit être capable d’affronter à main nue et de vaincre tout ange de l’Éternel.

— Tu parles des bons anges ?

— Bons et mauvais. Tu devais être leur égal, et peut-être l’es-tu. Tu es un malak, non un esprit ordinaire. Un malak doit être mauvais jusqu’au fond du cœur. Il a perdu toute patience envers Dieu, il sert l’esprit de rébellion de cette partie de l’humanité qui nie l’existence de Dieu ou les règles divines. Cet esprit n’est pas créé pour servir un diable ou un démon, mais pour en être un.

Je demeurai saisi d’étonnement.

— Tu me parais bien jeune pour avoir été aussi malfaisant… tout au moins sous la forme que tu as choisie, une parfaite émanation de ce que tu étais de ton vivant. Étais-tu mauvais ? Détestais-tu Dieu ?

— Non, je ne le pense pas. Si je l’étais, c’était sans le savoir.

— As-tu choisi de devenir Serviteur des Ossements ?

— Non. Je sais que non.

— De plus en plus confus ! Tu n’étais pas mauvais, tu n’as pas fait vœu volontairement de servir quiconque posséderait les ossements…

— Certainement pas !

Je tentai de me souvenir. Le passé scintillait puis s’estompait, mais je pouvais retourner dans la chambre de Cyrus, me rappeler qu’il m’avait envoyé ici, auprès de Zurvan ; je pouvais me rappeler autre chose, avant… un prêtre mort.

— J’ai tué celui qui devait être mon maître, dis-je. Je l’ai tué, et j’étais cerné par la mort. Je mourais quand j’ai été conçu. Il ne restait en moi qu’une minuscule flamme. Je devais mourir. L’Échelle menant au Ciel allait descendre, peut-être, ou je devais entrer dans la lumière et devenir lumière moi-même. Je ne sais pas. Quoi qu’il en soit, je ne voulais pas devenir Serviteur des Ossements, j’ai tenté de m’enfuir… Je me souviens d’avoir couru et appelé à l’aide, protestant que c’était une malédiction cananéenne, mais je ne me rappelle plus qui j’ai imploré. C’est seulement après que j’ai apporté au roi, dans sa chambre, mes ossements dans un sac.

— C’est ce qu’il m’a dit. D’après moi, tu aurais dû être un expert en maléfices et en cruauté avant d’être choisi, tu aurais dû implorer le privilège d’une vie éternelle égale à celle des anges de Dieu ; et tu aurais dû choisir d’endurer une mort terrible. Au moment où la souffrance serait devenue trop forte pour toi, ton esprit se serait séparé de ton corps, et il l’aurait regardé bouillir jusqu’à être réduit à un tas d’os. Tu aurais dû endurer longtemps le supplice de l’or en fusion afin d’aiguiser ta haine envers Dieu, qui a créé la sensibilité des hommes. Alors tu te serais élevé, libre, conscient de ton triomphe sur la mort, empli de haine pour Dieu qui a créé la mort, plein du désir d’être le malak, aussi puissant que le cœur cruel de Yahvé quand il s’est retourné contre ceux qu’égorgeaient Saül, David ou Josué.

Tu dois être le vengeur d’Adam et Ève, ignoblement dupés par ton Dieu. Cela t’évoque-t-il quelque chose ?

— C’était une terrible erreur. Je ne me souviens pas d’avoir été dans le chaudron, seulement d’en avoir eu effroyablement peur. J’ai fui mon corps avant que ne vienne la souffrance. Je le crois. Tout était confus, j’étais entouré d’individus faibles qui tâtonnaient ; toute grandeur avait disparu, toute majesté. J’avais obéi, je m’étais plié aux souhaits d’autrui, mais tout semblait faussé. J’avais été dupé.

— Cette duperie avait-elle été revêtue de quelque grandeur ?

— Je le crois. Je me souviens d’un sentiment de transcendance. Je me rappelle les pétales de rose, une mort lente et ensommeillée. La pire souffrance était d’en connaître l’irréversibilité. Je ne sais pour quelle raison j’ai parlé de majesté. Que t’a dit Cyrus à mon sujet ?

— Peu de chose. Mais d’après cette tablette, nul ne peut te détruire. Si les ossements sont détruits, tu seras lâché dans le monde afin de te venger sur tout ce qui vit, telle une pestilence.

Le désespoir m’accabla. Un désespoir absolu, que je n’aurais pas supporté quelques heures plus tôt. Lorsque je m’étais élevé vers les esprits joyeux, quand j’avais aperçu la splendeur de la lumière, je ne connaissais pas encore le désespoir. Maintenant, il m’était familier.

— Je désire mourir, murmurai-je. Comme j’étais censé mourir avant qu’ils ne m’aient maudit. Oh, les idiots ! Mon Dieu !

— Mourir ? Pour errer parmi les morts stupides ? Deviens un démon parmi les autres esprits, deviens un grand et terrible ennemi du bien, propage la mort et les tourments !

— Non, juste mourir ; comme dans les bras de ma mère, pour reposer dans le sein de ma Terre Mère. Si je deviens lumière et qu’il existe un Paradis, qu’il en soit ainsi. Sinon, simplement mourir, et vivre dans la mémoire de ce que j’ai accompli de bon pour autrui – une bonne action, un acte de bonté et d’amour, et…

— …et quoi ?

— J’allais dire que je voulais survivre dans la mémoire pour les actes que j’ai commis en hommage à Dieu, mais cela m’est égal, désormais. Je veux juste mourir. Je préférerais que Dieu me laisse tranquille. Je me levai, et abaissai mon regard vers lui. Cyrus t’a-t-il dit qui j’étais, de mon vivant ? Comment il m’a connu ?

— Non, tu peux lire ses lettres toi-même. Il m’a seulement dit que ta force était trop grande pour tout autre magicien que moi, qu’il te devait beaucoup et qu’il était cause de ta mort. Il se tut et songea, en tirant sur sa barbe. Évidemment, le roi du monde ne va pas avouer par écrit qu’il est terrifié par un esprit et qu’il souhaite l’éloigner de lui, mais sa lettre donnait cette impression. Tu sais : « Je ne peux pas commander cet esprit. Je n’ose pas. Pourtant, je lui dois mon royaume. »

— M’est-il redevable de quoi que ce soit ? Je ne me souviens pas. Je me souviens d’avoir demandé… à être envoyé… Je me souviens…

— Oui ?

— D’avoir été abandonné de tous.

— Eh bien, ces idiots n’ont pas créé un démon, mais une sorte d’ange.

— Un ange de puissance… Tu as toi-même employé ce terme. Cyrus aussi. Et Mardouk…

Je m’interrompis, désarçonné par ce nom, ne voyant rien susceptible de lui donner corps.

— Mardouk, le dieu de Babylone ?

— Ne le raille pas, il souffre, répondisse, me stupéfiant moi-même.

— Tu veux te venger de ceux qui t’ont fait subir cela ?

— C’est fait. Je ne me rappelle personne d’autre qui ne soit pas mort. C’était l’œuvre du prêtre, et… de la vieille femme. Elle est morte, la sorcière, la voyante. Je ne me souviens plus… Je savais seulement que Cyrus pouvait m’aider, que j’avais le droit d’entrer dans sa chambre, qu’il m’écouterait. Non, je ne souhaite pas me venger. Je n’ai pas assez de souvenirs pour cela. Je ne déplore pas non plus la perte de ma vie. Mais il y a une chose que je veux : mourir, me reposer, dormir, être mort au sein de la terre odorante et douce… ou voir la lumière et ne faire qu’un avec cette minuscule étincelle du feu de Dieu. J’aspire surtout à la mort… encore plus qu’à la lumière. Le calme de la mort.

— Tu la souhaites maintenant, mais tu ne la souhaitais pas quand tu parcourais le royaume des esprits, ou m’apportais les manuscrits. Ni la première fois que tu t’es assis dans ce jardin et que, de tes mains, tu caressais l’herbe.

— C’est parce que tu es un homme bon, répliquai-je.

— Non, c’est parce que tu es un homme bon. Ou que tu l’étais. La bonté brille en toi. Les âmes sans mémoire sont dangereuses. Tu te souviens… mais tu te souviens uniquement de ce qui était bon.

— Non, je t’ai dit comme je les hais…

— Oui, mais ils ont disparu, ils s’éloignent très vite de toi. Tu ne te rappelles plus leurs noms, ni leurs visages… tu ne les hais pas. Mais tu te rappelles le bien. Hier soir, tu m’as dit que tu avais trouvé de l’or dans tes poches. Qu’en as-tu fait ? Tu ne me l’as pas dit.

— Je l’ai donné à des pauvres et à des affamés pour qu’ils puissent manger. Je tendis la main et cueillis les brins d’herbe qui poussaient dans les fissures du marbre. Je regardai les tendres pousses. Tu as raison, je me rappelle la bonté. Je la connais, je la vois, je la sens…

— Alors je t’enseignerai tout ce que je pourrai, dit-il. Nous voyagerons. Nous irons à Athènes, puis en Égypte. Je ne suis jamais allé au cœur de l’Égypte. Je veux y aller. Nous voyagerons par magie, ou parfois par nos propres moyens. Tu es un puissant gardien, et tu dois retenir mes enseignements. Ta faiblesse consiste à fuir la souffrance en l’oubliant, et quand je mourrai, tu auras de la peine.

Il se tut. Les leçons étaient terminées pour un moment. Il ferma les yeux. Mais j’avais encore une question urgente.

— Pose-la-moi avant que je m’endorme.

— Ces Cananéens, qui ont conçu la malédiction, étaient-ils hébreux ?

— Pas comme toi. Leur Yahvé était un dieu parmi quantité d’autres, mais il était le plus fort. Le dieu de la guerre, semble-t-il. Ce peuple ancien était polythéiste. Es-tu satisfait ?

Mon esprit s’était éloigné.

— Oui, sans doute. Mais je n’appartiens plus à aucune tribu. Ma destinée est d’appartenir aux meilleurs des maîtres, car sans eux je risque d’oublier, de partir à la dérive… Je risque de ne plus voir, entendre, sentir… Je ne serai pas mort, j’attendrai seulement celui qui m’appellera.

— Je ne vivrai plus très longtemps, dit mon maître. Je t’enseignerai tout ce que je sais et que tu as le pouvoir d’accomplir : comment tromper les hommes par des illusions, comment leur jeter des sorts par des paroles et des attitudes… Ce n’est rien de plus, souviens-toi : des paroles, des attitudes… C’est l’abstrait, pas le particulier. Je t’enseignerai et tu écouteras, et lorsque je mourrai…

— Oui…

— Nous verrons d’ici là ce que le vaste monde va t’enseigner.

— N’attends pas trop de moi, déclarai-je. Je le regardais en face, ce que je n’avais guère fait jusqu’à présent. Tu me demandes quels sont mes souvenirs. Je me souviens d’avoir tué des bédouins ; cela m’a beaucoup plu. Pas autant que cueillir les fleurs, les cueillir, vois-tu, mais tuer… qu’y a-t-il de semblable ?

— Tu as raison. Tu dois apprendre qu’aimer est plus gratifiant… et être bon, plus encore. En tuant, tu détruis un univers de croyances, des sentiments, des générations entières… Mais quand tu fais œuvre de bonté, c’est comme de lancer un galet dans l’immense océan : les ondes s’en propagent à l’infini, aussi loin que l’Italie ou l’Égypte, en une infinie variété de vagues. La bonté a bien plus d’effets que le meurtre. Tu t’en apercevras. Tu le savais lorsque tu vivais.

Il réfléchit, puis conclut ses conseils pour la journée.

— Vois-tu, tout est une question de mesure. Quand tu abats un homme, tu ne saisis pas toutes les implications de sa mort.

Tu sens l’afflux de sang en toi, car tu es un esprit formé à l’image de l’homme. Mais quand tu commets un acte de bonté, tu le revois encore et encore. C’est ainsi que la bonté l’emporte sur le désir de tuer : elle brille d’un éclat trop fort, elle est trop… flagrante. Lors de ta promenade, tu l’as reconnue sur les visages des gens, n’est-ce pas ? La bonté. Personne n’a cherché à te blesser. Pas même les gardes du palais. Ils t’ont laissé passer. Étaient-ce tes vêtements ou ta conduite ? Leur as-tu souri ? Ton visage rayonnait-il de bonne volonté ? Chaque fois que tu me reviens, tu es heureux ; ton esprit a une grande aptitude à aimer.

Je ne répondis pas.

— Qu’as-tu en tête, à présent ? Dis-le-moi.

— Ces bédouins… Quel plaisir de les tuer !

— Tu es entêté !

Il ferma les yeux et s’endormit. Je restai à le regarder, et peu à peu je m’endormis aussi, endormi dans mon corps, écoutant les fleurs pousser près de mes oreilles, levant parfois les yeux vers les branches de l’olivier pour y surprendre les oiseaux… Les bruits lointains de la ville se firent musique pour moi. Je rêvai de jardins, de lumière, d’arbres fruitiers et d’esprits joyeux aux visages emplis d’amour.

Des mots se tissaient dans mes rêves.

— Je te livrerai les trésors de l’obscurité et les richesses cachées des lieux secrets, afin que tu saches que moi, l’Éternel, je suis le Dieu d’Israël… Je crée la lumière et je crée l’obscurité. Je crée la paix et je crée le mal…

Mes yeux s’ouvrirent ; des vers plus doux m’entraînèrent à nouveau dans un demi-sommeil accompagné des chants et du murmure des saules ployant sous la brise.

Le sortilège de Babylone
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